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Miles Gentleman Driver's Magazine #26

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Miles #26 Spécial Zoute Grand Prix

DUEL AU SOMMET LEWIS /

DUEL AU SOMMET LEWIS / JOHNSON Un regard illustré sur les plus belles rivalités de l’histoire du sport. Miles se souvient de l’un des plus importants scandales des Jeux Olympiques : Le duel entre Carl Lewis et Ben Johnson lors de la finale du 100 mètres en 1988, à Séoul. Boris Rodesch Illustration A. Kool L’histoire commence au début des années 80. L’amateurisme propre à l’olympisme cède progressivement la place au professionnalisme. Carl Lewis, qui a soif de célébrité, incarne ce changement. En 1983 sont organisés les premiers Championnats du monde d’athlétisme à Helsinki. Le sprinter américain, âgé de 22 ans, remporte son premier titre international devant Calvin Smith. La saison suivante, le champion du monde du 100 mètres en titre se présente comme le grandissime favori aux JO de Los Angeles. Il confirme et signe l’exploit de remporter 4 médailles d’or. Il égale ainsi le record de son idole Jesse Owens, qui avait survolé les Jeux de Berlin en 1936. King Carl est né ! Sur le podium du 100 mètres se hisse un petit nouveau, le Canadien Ben Johnson, qui remporte la médaille de bronze. La suprématie du King contestée Si en 1985, au lendemain de « ses » J0, Carl Lewis domine outrageusement le saut en longueur - il remportera 65 victoires consécutives en 10 ans -, sa suprématie sur le 100 mètres est contestée. Depuis 1983, c’est Calvin Smith qui détient le record du monde en altitude (9 secondes 93). De son côté, Ben Johnson met un terme à une série de huit défaites consécutives pour célébrer sa première victoire sur le King et remporter le prestigieux meeting de Zurich. Malgré plusieurs défaites, Lewis termine une nouvelle fois la saison en tête au classement mondial devant le sprinter canadien. L’année suivante, Ben Johnson remet ça et s’impose de façon confortable aux Goodwill Games à Moscou. Avec un temps de 9 secondes 95, il signe le record du monde au niveau de la mer. Au terme de l’exercice 86, il est sacré numéro un mondial. Carl Lewis est seulement troisième. Le lancement des hostilités En 1987, Ben Johnson est devenu une star planétaire. Il est déjà passé 3 fois sous la barre des 10 secondes. Carl Lewis n’y 46 Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV. Miles #26

est encore jamais parvenu. Il signe de très gros contrats avec des sponsors et multiplie les unes de la presse sportive et people. Cette période faste pour Johnson est aussi le déclencheur d’une rivalité devenue hostile. Tout oppose les deux hommes : Carl Lewis est un athlète plus polyvalent, Ben Johnson est un sprinter pur, l’un est élancé, l’autre est musculeux. Le départ du premier est son point faible, le second jaillit des starting-blocks comme personne. L’américain extraverti est avide de reconnaissance et soigne son image, le canadien plus introverti est arrogant et maîtrise l’art de la provocation… C’est dans ce contexte qu’ils abordent les Championnats du monde à Rome. Entre regards sombres et politesses, la tension sur la piste est palpable. S’ils sont 8 sprinters à s’élancer, les spectateurs présents au stade olympique et les caméras du monde entier ont leurs yeux rivés sur le duel tant attendu. Ben Johnson, dans son style unique, est l’auteur d’un départ idéal. Il s’impose facilement et pulvérise le record du monde de Calvin Smith en 9 secondes 83. Carl Lewis est stupéfait. Frustré ou sincère, il se plaint publiquement de la prise de produits dopants par certains… « La plus sale course de l’histoire » Les deux sprinters se retrouvent à Zurich - pour la première fois depuis Rome - cinq semaines avant les JO de Séoul. C’est un Carl Lewis sur le déclin pour certains - il n’a plus battu son rival depuis la saison 85 - qui se présente sur la piste. Ben Johnson se remet lui d’une blessure au genou. King Carl contredit ses détracteurs, remporte la course et signe son meilleur temps (9 secondes 95), tandis que le canadien décroche la 3 e place en 10 secondes 00. L’américain est euphorique et déclare qu’il ne se fera plus jamais battre par son rival. Ben Johnson attend patiemment Séoul… Pour lui c’est clair, la pression est désormais sur la vedette américaine. Le 24 septembre 1988, c’est le grand soir ! Au-delà du 100 mètres, c’est une période dorée pour l’athlétisme. Près de 90.000 personnes sont présentes dans le stade olympique pour assister à la finale. Ben Johnson explose une fois encore le départ et s’octroie même le luxe d’un relâchement sur la ligne d’arrivée. L’image du sprinter avec son bras en l’air pour fêter sa médaille d’or et un nouveau record en 9 secondes 79 fait le tour du monde. King Carl est dégouté. Mais, fidèle à son image, il prend le temps de... féliciter le nouveau champion olympique, qui ne lui accorde qu’un demi-regard. La joie de Ben Johnson sera pourtant de courte durée. Le 25 septembre 1988, le scandale explose ! Ben Johnson est contrôlé positif au stanozolol - un stéroïde anabolisant. Suspendu par le CIO, ses records, ses titres mondiaux et olympiques lui sont retirés. King Carl hérite logiquement de la médaille d’or. Il devient aussi, pour la première fois de sa carrière, le détenteur d’un record du monde avec son chrono de 9 secondes 92. Si en 1989, Ben Johnson avouait finalement s’être dopé depuis 1981, il se plaît aujourd’hui à nous rappeler qu’il n’était pas le seul. Sur les 8 finalistes de Séoul, 2 athlètes sont restés propres tout au long de leur carrière : le sprinter américain Calvin Smith et le brésilien Robson da Silva. En 2003, Carl Lewis reconnaissait avoir été contrôlé positif lors des sélections américaines pour les JO de Séoul en 1988. Il n’aurait donc en toute logique pas dû participer à cette fameuse finale. Peu importe, si l’on en croit Ben Johnson, le sprinter le plus controversé de l’histoire des Jeux, le 100 mètres venait de vivre ses plus belles années ! « Les gens s’en foutaient des moyens utilisés, ils voulaient voir du spectacle ! » Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV. Miles #26 47