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Miles Gentleman Driver's Magazine #33

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Miles #33 - Mission Apollo(n)

SUBCULTURE WIM DELVOYE,

SUBCULTURE WIM DELVOYE, LE CHARMEUR (1965, WERVICQ) Interview à bâtons rompus de Pierre-Yves Desaive, le commissaire de son exposition à Bruxelles, aux Musées Royaux des Beaux-Arts. VB : Une grande rétrospective d’un artiste belge vivant, dans un grand musée de la capitale, c’est la consécration pour Wim, non ? Quand on se rappelle que « nul n’est prophète en son pays… » PYD : Houlà, ne pas utiliser le terme «rétrospective», il a encore beaucoup de choses à dire. Il expose dans le monde entier, mais c’est vrai que se retrouver VB : D’accord. C’est le terme que j’avais entendu à plusieurs reprises. Comment avez-vous envisagé l’expo ? Sous quel angle ? Par thèmes, techniques PYD : Carte banche, oui, mais tout s’est discuté avec lui. C’est une vraie collaboration. Le but est de montrer de toutes nouvelles pièces, de souligner la pertinence de son parcours sur près de 20 ans… Ambitieux, je sais. VB : appris sur le personnage en préparant tout cela ? PYD : Que sous des dehors excentriques, c’est un bosseur acharné, toujours prêt à se remettre en question. Surtout, VB : C’est ce qu’il y a toujours derrière toute réussite… Delvoye a travaillé en Chine. Aujourd’hui, il est à Kachan dans le centre de l’Iran où il restaure une ancienne immense maison qadjar. Il a exposé en Russie, etc. Il aime explorer autant sa culture que celle des autres. Ses œuvres interrogent, dérangent, font débat. Pourquoi ? PYD : A mon sens, il n’est pas un provocateur. Je pense que ce qui dérange c’est que, dans notre époque où il faut produire toujours plus pour faire tourner l’économie, il met en place des modes de production quasi industriels… pour produire de l’art. VB : WD pas provocateur mais plutôt génial inventeur, alors ? Il découpe de l’acier comme de la dentelle, «repousse» le caoutchouc des pneus pour en faire du cuir de Cordoue, tatoue la peau sensible des cochons, plie des roues de vélo qui pèsent une tonne, sculpte des bustes en marbre tel un grand maître italien, fait des radiographies comme un médecin PYD : Sa force est de s’emparer des toutes dernières avancées technologiques pour meilleurs spécialistes. Ce sont à chaque fois des projets d’une grande complexité. Alors, je dirais plutôt expérimental. Mais comme il aime le beau et l’ancien, c’est toujours beau… et ça fait souvent référence à l’ancien. Il regarde constamment le futur, les pieds dans le passé. JAN FABRE, LE PROVOCATEUR (1958, ANVERS) Parcours à Naples dans les quatre magni- L’artiste multidisciplinaire — dessinateur, sculpteur, peintre, chorégraphe — mais encore l’homme de théâtre, le metteur en scène est un habitué de l’Italie. C’est Giacinto Di Pietrantonio, un personnage incontournable du monde de l’art qui l’a fait connaître dans la botte, lors d’expositions présentées en parallèle à la Biennale de Venise. L’occasion de parcourir l’une des plus fascinantes villes d’Italie, aussi multiculturelle qu’insaisissable et turbulente : - Au Museo e Real Bosco di Capodimonte, face aux toiles de maîtres, on découvre des sculptures en corail rouge, une matière tellement précieuse. Pourquoi le corail, dont l’extraction est compliquée et très réglementée ? Justement pour cela : « Les œuvres en corail, dit-il, montrent tant la cruauté de la beauté que la beauté de la cruauté. » Sylvain Bellenger, le directeur du musée, attire notre attention sur le risque de faire une exposition de ce type dans l’un des musées les plus riches et anciens du monde : un musée qui avait en ouvrant ses portes une vision contemporaine. En vérité, dit-il, Jan Fabre est un artiste ancien. Il redonne au musée une dimension contemporaine. Dans le passé, un directeur y avait exposé des œuvres de Bruce Nauman et Georg Baselitz. Cela prouve que Capodimonte est une institution vivante, ouverte, qui aime créer des dialogues entre l’ancien et le moderne. Et Jan Fabre, à la suite des autres, nous fait voir autrement le musée. C’est un vrai miracle d’avoir réalisé cela ici » conclut-il. Jusqu’au 15 septembre 2019 museocapodimonte.beniculturali.it - Au Studio Trisorio, sous le titre « Omaggio a Hieronymus Bosch in Congo », c’est à travers Jérôme Bosch qu’il fait référence au passé colonial belge, avec ses grandes toiles de exposées dans cet écrin aussi blanc qu’intimiste. Jusqu’au 30 septembre 2019 studiotrisorio.com 62 Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV.

VB : Votre réponse est claire. Savez-vous comment il procède ? D’abord seul avec un crayon et une feuille de papier, ensuite avec des équipes d’ingénieurs, artisans, etc. locaux ? VB : PYD : Qui va s’occuper du Cloaca ? PYD : Son atelier est rempli de maquettes, de débuts d’idées, etc. Il cherche ensuite une manière de les mettre en forme, avec ce qui se fait de plus actuel. La découpe laser est gothiques, mais il fallait y songer. Il cherche aussi le meilleur endroit pour produire la pièce : envoyer une Maserati en Indonésie pour la faire décorer par des artistes iraniens ? Fort bien, si c’est mondialisation économique. VB : Mwaaaa. Merciii, Pierre-Yves, d’avoir accepté au pied levé de vous substituer à Wim… Un un vrai plaisir. PYD : J’espère être mieux qu’un substitut. Merci et à bientôt. VB : ment. VB : Il est non seulement original mais fort. Pour Wim, les musées sont des temples modernes et « The shit is art ». C’est l’esprit « Cloaca ». Quen Qu’en pensez-vous, monsieur le commissaire ? PYD : C’est mieux que « Art is shit », non ? VB : Ja ja ja. Laissons Wim et redevenons sérieux. Comment aborder l’exposition pour ceux qui ne le connaîtraient pas ? Deux ou trois conseils avisés pour nos lecteurs ? PYD : nir avec un esprit ouvert : chaque œuvre est le fragment d’un récit, il y aura des rencontres avec des pièces anciennes, de l’humour, de la surprise. Surtout, prendre le temps de regarder, ce que l‘époque ne permet plus trop. PYD : N.B. : temps modernes » participera au concours international d’architecture sation des techniques industrielles actuelles telles l’impression 3D et la découpe au laser, il a développé un nouveau style d’architecture contemporaine. Si l’on se réfère à ses bétonneuses, camions, grues et tours à grande échelle, on comprend pourquoi il se sent personnellement concerné par le projet. Jusqu’au 21 juillet 2019 - A la Chapelle Pio Monte della Misericordia, l’un des joyaux de Naples, il se met lui-même en scène, portant une grande croix en équilibre dans le creux de la main, face à l’impressionnante toile du Caravage. Jusqu’au 30 septembre 2019 piomontedellamisericordia.it conteste l’homme de théâtre qui prend le dessus. On a droit à une véritable mise en scène. Arrivant d’en bas, on est obligé d’élever les yeux pour découvrir «L’homme qui mesure les nuages». Seul au milieu de la cour, il est une invitation à se dépasser, regarder au-dessus, aller au-delà des préjugés, des limites. Mieux, une ode à la création, à la tolérance. L’artiste mesure l’inmesurable. Jusqu’au 30 septembre 2019 madrenapoli.it Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV. 63