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Miles Gentleman Driver's Magazine #25

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Miles #25 Bike Attack

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Toute copie non autorisée est strictement interdite sans 44 le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV. Miles #25

DUEL AU SOMMET BARTALI / COPPI Un regard illustré sur les plus belles rivalités de l’histoire du sport. Pour ce «bike attack», Miles vous propose le duel entre Gino Bartali et Fausto Coppi. Boris Rodesch Illustration A. Kool Le 5 mai dernier, le peloton était au départ de la 100 e édition du Tour d’Italie, l’occasion idéale de revenir sur cette rivalité qui prit toute son ampleur sur les routes du Giro après la Seconde Guerre Mondiale. Bien au-delà du sport, le duel entre Bartali et Coppi a divisé l’Italie d’après-guerre. D’un côté Gino Bartali (2 Tours de France et 3 Tours d’Italie, 9 classiques et 4 titres de champion d’Italie), né en Toscane, grimpeur merveilleux. Gino le Pieu, le grand champion italien d’avantguerre, suivi par l’Italie conservatrice. Bartali est en odeur de sainteté. On apprendra en 2013 qu’il a sauvé des centaines de Juifs en leurs fournissant des faux papiers qu’il glissait dans le tube de son guidon. En face, Fausto Coppi (2 Tours de France et 5 Tours d’Italie, champion du monde sur route, 10 classiques et 4 titres de champion d’Italie), né dans le Piémont. Escaladeur et rouleur d’exception, le campionissimo est reconnu pour son professionnalisme traduit par son intérêt pour les évolutions techniques, les méthodes d’entraînement, la diététique et la médecine sportive. Coppi, alias l’échassier, incarne davantage l’Italie du nord, une Italie urbaine et progressiste, qui tente de se moderniser. Cet ancien commis charcutier est un homme de transgressions, un proscrit de l’église, suite à sa relation extra-conjugale avec « la Dame blanche ». Ce « Duel Au Sommet », vous l’avez compris, c’est aussi le duel entre l’Italie du passé et l’Italie du futur ! Les prémisses de l’avant-guerre Retour en 1939 au Tour de Lombardie, remporté par Bartali. Coppi, coureur indépendant, place une attaque en solitaire à 60 km de l’arrivée et termine troisième de la course. Bartali, impressionné par le culot de ce jeune coureur de 19 ans, demande à son directeur sportif de l’attirer dans son équipe. L’année suivante, Coppi passe professionnel. Les deux coureurs roulent pour Legnano. L’échassier, engagé pour être le gregario (cycliste au service du leader de son équipe) de Bartali (le grandissime favori qui avait déjà remporté trois grands Tours) explose aux yeux du grand public et crée la surprise en 1940, en remportant son premier Giro pour sa première participation ! Il fait la différence lors de la 11 e étape après une échappée de 100 kilomètres en solitaire. Coppi, âgé de 20 ans, est aujourd’hui encore le plus jeune vainqueur de l’épreuve. Les retrouvailles de l’après-guerre En 1946, Coppi passe dans l’équipe Bianchi tandis que Bartali reste fidèle à Legnano. Après cinq années d’attente, le Giro fait son retour. C’est à travers une Italie dévastée que le peloton s’élance de Milan pour parcourir les 17 étapes de ce 29 e Tour d’Italie. Si Coppi remporte trois étapes, Bartali, s’offre le luxe de gagner à 31 ans son troisième Giro, sans aucune victoire d’étape. Il devance l’échassier de 47 secondes et savoure sa revanche. En 1947, Coppi est bien décidé à remporter son second Tour d’Italie. C’est sans compter sur Bartali qui vise un quatrième sacre. Dès la quatrième étape, Gino le juste porte le maillot rose. Il le garde avec panache durant les douze jours qui suivent grâce notamment à une victoire au sprint sur le campionissimo à trois jours de l’arrivée. Mais l’étape suivante nous rappelle la cruauté des grands Tours. Bartali, victime d’une chute, cède le maillot rose à Coppi, qui remporte son deuxième Giro avec 1 minute et 43 secondes d’avance. Gino le Toscan se console avec son septième maillot de meilleur grimpeur. Au Giro en 1948, le duel n’a pas lieu. Bartali remporte son deuxième Tour de France et signe ainsi sa dernière victoire dans un grand Tour. Cette rivalité atteint ensuite son paroxysme au championnat du monde sur route. Les deux hommes ayant comme seule crainte de voir l’autre s’imposer ne cessent de se neutraliser et préfèrent finalement abandonner la course au plus grand regret de la fédération italienne et des fans. La rivalité devient même obsessionnelle quand Bartali observe le creux des genoux de Coppi par l’intermédiaire de ses coéquipiers pour déceler au regard du gonflement de ses veines le moment idéal pour placer son attaque. L’histoire précise qu’en 1948, Bartali, toujours à l’affût des failles de son jeune rival, profitera de cette technique dans une étape du Giro pour le reléguer à 4 minutes. Pour l’anecdote, le Pape refuse cette année-là de bénir le peloton du Tour d’Italie pour ne pas bénir Coppi, qui s’est séparé de sa femme, dans un pays où le divorce est encore interdit. 1949 : L’année Fausto Coppi Au départ de la 32 e édition du Giro, les deux champions sont revanchards. Durant la 17 e étape, Coppi entre dans la légende et lance une échappée victorieuse à 192 km de l’arrivée ! Cette démonstration lui vaut son troisième Giro, avec une avance confortable de 23 minutes 47 secondes sur Bartali. L’échassier participe ensuite à son premier Tour de France. Si les deux italiens font la différence dans les Alpes, la victoire finale revient à Coppi. Il devient le premier coureur à gagner la même année Tour d’Italie et Tour de France ! La dimension quasi métaphysique de ce duel est immortalisée par les plus grands écrivains. Il n’est pas rare de voir des tifosi qui s’agenouillent au passage de Coppi ou d’autres qui touchent le maillot de Bartali comme s’il s’agissait du Saint Suaire… Parce qu’ils n’en tiennent pas pour le même champion, des couples se séparent, des frères ne se parlent plus, des amis se tournent le dos. Bartali prend sa retraite en 1955 et devient directeur sportif de l’équipe San Pellegrino. En 1959, il engage Coppi comme capitaine dans son équipe (lequel gagnait encore 1 Tour de France et 2 Tour d’Italie dans les années 50). L’histoire sera de courte durée, puisque le 2 janvier 1960, Fausto Coppi meurt des suites d’une malaria. Gino Bartali décède, lui, dans sa Toscane natale le 5 mai 2000. Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV. Miles #25 45