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Miles #37 - ETRE BIEN, ETRE BEAU

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Miles #37 - ETRE BIEN, ETRE BEAU

5 Francesca

5 Francesca Mantovani-éditions Gallimard 6 © Roger Pic – Bibliothèque nationale de France © DEFP 7 9 © Stéphane de Bourgies 8 62 Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV

5. CHRISTIAN BOBIN « Une petite robe de fête », « La dame blanche », « Un bruit de balançoire », etc. « Je rêve d’une écriture qui ne ferait pas plus de bruit qu’un rayon de soleil heurtant un verre d’eau fraîche. » La beauté simple du quotidien. Homme sensible, poète vivant, Bobin écrit des lettres aux fleurs, aux nuages, à une sonate ou à un prélude ; des lettres sur l’enfance, la lecture. Il est capable de voir la beauté dans la moindre de ses petites manifestations. Sa plume est là pour nous rappeler combien il est important de remarquer tout ce qui est à portée de main, tout ce que la vie nous offre simplement. Ecoutons Frédéric Lenoir en parler : « Christian Bobin révèle la beauté, et même la bonté du réel, non pas dans d’impressionnants paysages, mais dans un simple pissenlit, dans la courbure du dos ou le visage d’une vieille femme croisée à la boulangerie du village. Il sait dire à merveille la beauté présente partout autour de nous, nous qui marchons souvent pris dans nos pensées ou pire encore, le nez collé à notre téléphone portable… » Ce qui est beau, vital, c’est de chercher, pas de réussir, nous dit-il en substance. Et de rajouter : « Il faut sortir d’un état de mort émotionnelle, d’une apathie et ressusciter le regard. C’est la meilleure façon de répondre au désenchantement morne qui habite le monde aujourd’hui… » 6. ANDRE MALRAUX « Les voix du silence », « La métamorphose des dieux », etc. Malraux, à qui l’on doit quelques-uns des plus fascinants écrits sur l’art, liait la beauté et l’amour. Il parlait de nécessité et disait que l’on aime une chose pas nécessairement parce qu’elle est belle mais parce qu’elle nous est nécessaire. La beauté relèverait à la fois d’une révélation et d’une reconnaissance, c’est-à-dire d’un étonnement devant la chose qui nous émeut et, en même temps, le fait que l’on ait un souvenir, une reconnaissance de cette chose que l’on avait oubliée et qui réapparait. Comme si je reconnaissais une chose dont j’avais l’intuition. Il voyait la création artistique comme le moyen qu’avait trouvé l’homme de dépasser son destin car l’homme est un créateur. 7. JEAN-PIERRE CHANGEUX « La beauté dans le cerveau » chez Odile Jacob Comment le cerveau fonctionne-t-il à partir de la beauté ? Quelles zones du cerveau sont mises en place ? Si le scientifique devait la définir, il commencerait par placer le beau, l’œuvre d’art dans un contexte de communication sociale entre individus : « Dans cette communication, on a affaire à des systèmes représentatifs, symboliques, qui peuvent être musicaux, plastiques (figurés) et cette communication touche la subjectivité. C’est une communication intersubjective, distincte du langage qui évoque des émotions et entraîne une synthèse singulière entre la raison et les émotions qui envahit notre espace conscient. » 8. ABD AL MALIK « Camus, l’art de la révolte », « Méchantes blessures », « Le face à face des cœurs », etc. La beauté est un projet, affirme-t-il. Cette idée du cheminement, d’aller vers quelque chose, de chercher l’harmonie : « Comment dans quelque chose que l’on va percevoir comme une sorte de chaos, trouver le processus qui va mettre les choses en place pour rendre tout cela harmonieux. » 9. FRANCIS BACON « Il n’est pas de beauté remarquable qui n’ait pas quelque étrangeté dans ses proportions. » Lointain descendant du philosophe, le peintre britannique autodidacte était un regardeur hors pair qui dénigrait tant Pollock que Rothko mais admirait Picasso et Giacometti, après l’art égyptien, Rembrandt et Velasquez. Les figures de Bacon sont aussi contorsionnées et disloquées que dynamiques. Il nous emmène dans un autre monde, à cheval entre surréalisme et cubisme, peuplé d’œuvres tendues, intenses et douloureuses qui nous atteignent et nous provoquent. Dans une mise en scène au cordeau, ses couleurs rouges, orange, jaunes, vert olive, noirs et même bleu pâle nous laissent interloqués, impuissants, écrasés par cette puissance inédite. Alors, vous, que diriez-vous face à ce travail exceptionnel : « c’est beau » ou plutôt « je trouve cela beau » sans attendre de commentaire de la personne qui est à côté de vous ? Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV 63